





















Au cœur de Paris réside le monastère reclus du Carmel. Là-bas on y vit par vocation, en quête de sens, on contemple, on prie et on travaille.
J’ai renoué avec P. il y a un an. Je l’avais perdue de vue pour la simple et bonne raison qu’elle n’avait plus de téléphone portable, plus d’adresse à Paris, plus Facebook. Introuvable. Plus de dix ans après, je re-découvre mon amie, elle m’annonce que dorénavant on l’appelle Soeur P. et qu’elle vit retirée chez les carmélites. Je décide alors d’y aller, de la revoir et puis qu’elle me raconte cette vie, ce choix.
Très vite, lors de nos échanges je lui propose que nous fassions une série photographique documentaire. Peut-être est-ce ma façon à moi de m’immiscer dans ce nouveau monde monastique, de comprendre son choix de vie?
Chaque moment de la journée est rythmé par une activité. Un réveil à 5h45, l’oraison à 6h : une prière silencieuse d’une heure, les laudes à 7h30 puis la messe à 8h. Ensuite vient un temps de travail jusqu’à midi : au potager pour les récoltes des légumes, au jardin ou encore à la cuisine. Le déjeuner est suivi d’un temps de rencontre, un temps de discussion en faisant un petit travail comme de la couture. C’est le seul moment de parole car le reste de la journée est en silence.
À 13h30 vient l’heure de lecture spirituelle pour nourrir aussi les temps d’oraison. Puis à 14h30 l’office de None est suivi de l’après-midi de travail : les ménages de chambres d’accueil, l’artisanat ou la mise en page pour imprimer les cartes. Les autres sœurs font toutes sortes d’artisanats et les travaux de la maison. À 17h le travail s’arrête pour chanter les Vêpres qui sont suivies de la deuxième heure d’oraison. Puis vient le dîner, toujours en silence avec une lecture, suivi à nouveau de la discussion de groupe récréative. Elle s’achève par l’office de Complies au chœur vers 20h10. À partir de là a lieu le « grand silence ». Il y a un temps libre pour répondre au courrier ou terminer ce qui n’a pas pu être terminé dans la journée. À 21h10 sonnent les matines, la fatigue se fait sentir. À 22h c’est le temps de rejoindre les cellules et de s’endormir : couvre-feu à 22h30.
Le Carmel est un ordre fermé, si j’ai pu rentrer dans une partie du monastère, la partie clôture m’est restée interdite. Alors avec sœur P., nous avons décidé de confronter nos regards pour moi un temps répétitif et enfermé, pour elle un lieu où s’exprime la grâce.
Exposition
Musée d’art et d’histoire Paul Eluard de Saint-Denis
photographe Hélène Mastrandréas
enregistré au Carmel de Montmartre en mai 2025
prise de son, montage et mixage Valentine Gelin
réalisation et scénario Hélène Mastrandréas
scénographie Bigtime
graphisme Raphaël John
production Enguerrand Déterville, Barberousse Films
avec le soutien du Musée d’art et d’histoire Paul Eluard de Saint-Denis